Les pierres naturelles peuvent arriver cassées lors du transport ou présenter des fragilités (clivages fragilisés) qui cassent lors de montages / perçages… Hélas, cela arrive de temps en temps. Malgré tout, je ne peux pas me résoudre à simplement laisser ces précieuses « imparfaites » de côté.
Pour remédier à ce problème, je pratique l’art du Kintsugi afin de redonner une seconde vie à ces précieuses qui ont tant à offrir.
"La Jointure en Or"
Vous n’en connaissez peut-être pas le nom mais vous en avez sûrement déjà vu. Kintsugi signifie « jointure en or » en japonais. Cette méthode japonaise, que vous connaissez sûrement sur la céramique (bol, assiette, vase…), est une ode à l’imperfection et à la fragilité.
La méthode Kintsugi est apparue fin XVe siècle. L’histoire dit que cette méthode a été inventé lorsque le Shogun (grand chef militaire) japonais Ashikaga Yoshimasa a renvoyé en Chine un bol à thé chinois endommagé pour qu’il soit réparé. Reçu avec d’affreuses agrafes métalliques, il aurait demandé à des artisans japonais de trouver une réparation plus esthétique. C’est à ce moment-là que cet art est né !
Plus qu’un art, une philosophie de vie
Le Kintsugi n’est pas juste une colle qui fixe les 2 parties cassées ensemble, c’est une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire, ses accidents afin de les mettre en valeur. La cassure ne signifie plus la fin ou la mise en rebut, mais un renouveau : un nouveau cycle et une continuité de l’objet. L’intérêt n’est pas de cacher les réparations mais de les sublimer pour mettre en avant la force de l’objet. Cette philosophie incite à accepter les objets avec leurs défauts et leurs aspérités.
Le Kintsugi est alors une merveilleuse leçon de vie. Apprendre à s’accepter, et renaître de nos blessures pour devenir une plus belle personne. Cacher ses blessures est inutile, pourquoi ne pas en faire notre force, notre beauté ?
Comment ça marche ?
Réparer un objet avec cette méthode demande énormément de patience, de minutie et de concentration.
Le temps de séchage de la résine entre chaque étape est de plusieurs jours voire de plusieurs semaines. Les réparations et la ligne de beauté dorée ou argenté est réalisée à la main avec un pinceau d’une grande finesse. Chaque étape a son importance et il faut prendre le temps de se concentrer sur chaque petite fissure, une véritable méditation qui permet d’apporter une énergie incroyable lors de la réparation.
Traditionnellement, le Kintsugi se pratique avec une laque japonaise appelé Urushi. Cette laque est de la sève de Rhusvernicifera, dit « arbre à laque », qu’on trouve en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est. Elle est extraite de l’arbre par incisions dans l’écorce puis après plusieurs traitement (filtrage, homogénéisation déshydratation), elle devient transparente et peut être utilisée et teintée. Elle ne peut sécher qu’à des conditions très précises de température (25-30°C) et d’humidité (75-80%). Sa récolte et son traitement extrêmement technique font de l’Urushi une matière première très coûteuse. L’utilisation et le séchage de cette laque est très technique et il est très difficile de s’en fournir en Europe. C’est pourquoi la méthode de Kintsugi est souvent réalisé avec une colle classique dorée (ajout de pigment dorée) pour réaliser des réparations.
Pourquoi parler de cette méthode chez Les Gems de Didilota ?
Malheureusement, les pierres peuvent arriver cassées, peuvent tomber lors de la création du pendentif, peuvent casser lors du perçage…
Ces belles ont été extraites de Mère Nature, puis taillées, polies, façonnées pour nous apporter leurs énergies et leurs beautés. Je ne peux pas simplement jeter ou « rendre à la nature » ces petites merveilles qui ont fait un aussi long trajet pour venir vers nous. Cela m’est impossible.
J’ai déjà collé et caché des cassures pour certaines de mes pierres (dans ma collection personnelle uniquement), c’est assez simple avec les fils métalliques de cacher ces blessures. Mais je ne trouvais pas cela juste, cette blessure fait partie de la vie de la pierre comme une cicatrice fait partie de notre vie et nous montre nos forces.
J’ai alors décidé d’apprendre cette technique tellement difficile… Je suis encore entrain d’apprendre et essayer de me perfectionner. Cette méthode est très difficile à maitriser mais je souhaite apporter l’énergie et la symbolique du Kintsugi dans chaque petite fissure des précieuses blessées. La méditation, la concentration et la patience nécessaire à l’utilisation de la résine traditionnelle Urushi rend la pierre encore plus précieuse, bien plus que si la pierre était simplement collée avec une colle argentée pour donner « l’effet » d’une blessure dorée.
Seule petite différence : pour des raisons esthétiques, la poudre métallique que j’utilise pour embellir les blessures est de couleur argentée et non de couleur dorée, comme le traditionnel Kintsugi.
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